Le festival néonazi d’Unterwasser passe mal

La police saint-galloise se trouve sur la sellette après l’organisation à Unterwasser (SG) d’un festival de musique néonazie samedi soir qui a attiré près de 5000 personnes, en provenance parfois de toute l’Europe. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) l’avait en effet prévenue.

L’information a été confirmée par la porte-parole du SRC au Tages-Anzeiger dans son édition du 18 octobre. Seul le lieu et l’heure n’ont pas été donnés avec précision.

La norme anti-raciste s’applique

Selon Gian-Andrea Rezzoli, porte-parole de la police cantonale saint-galloise, c’est ce qui a manqué. «Nous avions des indications qu’un concert était prévu dans le sud de l’Allemagne et nous savions qu’il pouvait être rapidement déplacé en Suisse. Mais nous n’avons appris sa tenue à Unterwasser que samedi vers 15 heures. » Les autorisations étaient accordées et seule la commune aurait pu agir en amont.

Les forces de l’ordre ont finalement renoncé à interdire la manifestation, expliquant qu’il s’agissait d’un évènement privé puisque la vente de billets a eu lieu en circuit fermé. Un argument que réfute Marc Forster, professeur de droit pénal à l’Université de Saint-Gall.

Ce n’est pas parce que les organisateurs l’ont présenté comme une fête privée avec un service d’ordre qu’il doit échapper à la norme anti-raciste, a-t-il déclaré. S’il existe de vidéo de discours haineux, «le procureur doit alors s’activer».

Des politiques montent aux barricades

En attendant, les milieux politiques entrent dans la danse. Les conseillers nationaux Beat Flach (Vert’Lib/AG) et Jakob Büchler (PDC/ SG), membres de la commission de la politique de sécurité, veulent entendre Markus Seiler, le chef du SRC, et savoir ce qui s’est passé pour éviter que ce genre d’évènement ne se répète.

Leur collègue de commission Chantal Galladé (PS/ZH) estime que le SRC peut être actif «lorsque des appels à la violence sont lancés». Un avis partagé par Balthasar Glättli (Verts/ZH) pour qui le SRC doit intervenir lorsque des actions extrémistes sont en préparation ou exécutées.

Cédric Wermuth (PS/AG) ironise de son côté sur un SRC obnubilé par 12 burkas en Suisse alors que 6000 néonazis ont pu assister à un concert.

Konzert mit 6000 Neonazis! Nachrichtendienst war wohl grad mit der Überwachung der 12 Burkas im Land ausgelastet. https://t.co/ZwOu4rk8OE

— Cédric Wermuth (@cedricwermuth)

16 octobre 2016

La porte-parole du SRC rappelle toutefois dans 20 Minuten que le service «ne peut qu’émettre des recommandations. Ce n’est pas de son ressort d’autoriser ou non une manifestation», a ajouté Isabelle Graber.

La sécurité de la population doit primer

Mais tous craignent que ce genre d’évènement ne se reproduise en Suisse. Beat Flach demande une collaboration accrue avec l’Allemagne. «Nous devons le dire clairement: nous ne voulons pas de néonazis.»

Pour Walter Müller (PLR/SG), «la police aurait dû intervenir, pour autant qu’elle ne risquait aucune escalade» Un évènement de cette taille ne constituait en effet pas une fête privée et la sécurité de la population primait sur la liberté d’opinion et de réunion. (nxp)

(Créé: 18.10.2016, 11h16)