Des graffitis nazis contre un centre musulman

Tribune de Genève: Des croix gammées et des inscriptions menaçantes ont été taguées sur le chantier du futur centre musulman à Payerne (VD)

La consternation régnait hier à Payerne, capitale de la Broye vaudoise. Des tags néonazis ont été découverts sur le chantier de la halle qui abritera le futur centre culturel musulman. Des croix gammées ont notamment été sprayées sur un tas de planches, ainsi que sur les portes de la construction, comme l’a révéléLa Libertédans son édition d’hier.

«Nous sommes profondément choqués par cet acte, soupire Ekrem Azemi, membre de la communauté musulmane de Payerne. Lorsque notre projet a été rendu public au début du mois d’avril, nous n’avons reçu que des réactions positives, des messages de félicitations. Nous ne nous attendions pas à ça. » Le propriétaire de la halle, qui abritera le centre ainsi que plusieurs entreprises artisanales, a porté plainte hier pour dommages à la propriété.

La communauté musulmane de Payerne doit décider si elle en déposera également une, pour incitation à la haine raciale cette fois. «Nous allons probablement le faire, juge Ekrem Azemi. Ensuite, nous laisserons la justice faire son travail et découvrir qui sont les responsables. Nous n’aimerions pas que les gens qui ont l’intention de fréquenter le centre se sentent menacés. » Et pour cause: l’inscription«this is just the beginning», «ce n’est que le début» en anglais, semble sous-entendre que d’autres actes pourraient être commis.

«Depuis vingt ans que je suis à Payerne, on ne m’a jamais lancé de piques ou agressé à cause de ma religion», tempère Ekrem Azemi. Le chef-lieu de la Broye compte plus de 1200 musulmans. Actuellement, les fidèles doivent se rendre à Fribourg ou à Moudon pour prier.

Les autorités communales, tout aussi surprises, condamnent fermement ces actes qualifiés d’«odieux». «C’est intolérable, il faut tout faire pour retrouver celui ou ceux qui ont fait ça pour qu’ils mesurent la gravité de leur acte», tempête la syndique Christelle Luisier. «Tant le propriétaire que la communauté musulmane se sont tournés vers nous; nous les avons encouragés à déposer une plainte. »

L’annonce du projet de centre musulman, qui a fait la une du journal local il y a quelques semaines, n’avait suscité aucune réaction, selon Christelle Luisier.