Un groupe néonazi suisse pique un tube

Newsnet: Amok, une formation bernoise d’extrême droite, a déformé les paroles d’une des chansons de Die Toten Hosen, célèbre en Allemagne, qui sera en concert en Suisse samedi.

Le célèbre groupe de punk rock allemand Die Toten Hosen a porté plainte contre la formation bernoise Amok. Motif: le tube qui célèbre ses 30 ans de carrière a été piraté. La musique est la même, mais les paroles ont pris un accent nazi: il n’est plus question d’évoquer le temps qui passe et l’éternité, mais d’obtenir le retour du Reich.

Sur la page Web de leur maison de disques allemande, Front-Records, la chanson incriminée illustre, avec d’autres, l’album «Das Lumpenpack von Bern» (La populace de Berne). Au lieu de chanter qu’«il y a des jours comme ça où l’on voudrait l’éternité», le chanteur d’Amok affirme que «nous obtiendrons le retour du Reich».

Même s’il n’est pas fait mention du IIIe Reich, la référence au régime nazi paraît évidente, vue les antécédents du groupe Amok, cible des antifascistes. Selon la SonntagsZeitung, qui révèle l’affaire, la chanson d’Amok est un appel à «marcher au combat».

La mauvaise réputation du groupe bernois n’est plus à faire: dans une chanson de 2007, il s’en prenait à un observateur de l’extrême droite, à qui il demandait de «ne pas s’étonner si un couteau se plante dans son dos». Menace, possession d’armes, discrimination raciale: le chanteur Kevin G. a déjà subi plusieurs condamnations. Le groupe formé en 2004 est abonné aux festivals Blood & Honour et, depuis un mois, la police zurichoise soupçonne son leader d’avoir craché sur un Juif agressé à Zurich Wiedikon.

Sensibilité opposée

La sensibilité politique de Die Toten Hosen, un nom tiré d’une expression signifiant qu’«il ne se passe rien ici», est opposée à celle du groupe bernois. Le chanteur Campino, alias Andreas Frege, et ses musiciens militent pour les droits humains, en particulier en matière d’asile.

La compagnie Front-Records a par ailleurs adopté un profil bas, en affirmant que la chanson controversée ne figurera pas sur «Das Lumpenpack von Bern», un CD constitué uniquement de compositions originales, selon son diffuseur. Mais Die Toten Hosen ne s’en laisse pas conter: tous les moyens juridiques seront employés pour empêcher la diffusion de la chanson contestée, dans la foulée d’une action en cessation déjà intentée. La tournée du groupe de Düsseldorf passera deux fois par la Suisse. Son concert du 15 août à Zurich affiche complet, mais Die Toten Hosen sera également la tête d’affiche du festival de Gampel, cinq jours plus tard, le jeudi 20 août.