Un concert néonazi stoppé à Seiry

La Liberté. La police est intervenue samedi soir dans la Broye pour empêcher une manifestation non autorisée

La police fribourgeoise a empêché samedi soir la tenue d’une manifestation organisée par les Hammerskins suisses, un groupuscule néonazi. Ils avaient loué la salle communale de Seiry sous le prétexte d’un repas et comptaient y faire jouer deux groupes néonazis. A l’affiche: les Italiens de Katastrof Aryan Rock et les Allemands de Wolfsfront, deux groupes de rock dont les paroles ne laissent guère planer de doute sur leurs inclinations idéologiques.

Quelque soixante personnes qui comptaient prendre part à ce concert ont été contrôlées sur place. Quant aux groupes, si les musiciens transalpins n’ont même pas pu franchir la douane helvétique, où ils se sont vu notifier une interdiction d’entrée sur territoire suisse, les Allemands font partie des personnes identifiées samedi dans la Broye. D’après Bernard Vonlanthen, porte-parole de la police fribourgeoise, ils ont remballé leurs instruments et sont repartis en direction de Berne, vraisemblablement pour rentrer chez eux dans la Sarre. Les autres personnes présentes se sont dispersées après avoir pleinement collaboré avec la police. Aucune déprédation ni autre incident n’est à déplorer, précise Bernard Vonlanthen.

Des informations concernant cette soirée ont été diffusées sur les réseaux sociaux, ce qui a attiré l’attention des autorités. Les antifascistes bernois ont également eu vent de la tenue de l’événement, dont ils ont publié le flyer sur leur compte Twitter. Le document mentionne notamment une adresse e-mail de contact dont l’intitulé laisse clairement entendre que le lieu du concert se trouve en Suisse romande. Aucune autre précision n’est fournie, conformément à la pratique habituelle des groupuscules extrémistes qui communiquent généralement les emplacements de leurs manifestations à la dernière minute pour ne pas alerter les autorités. Un point de rendez-vous intermédiaire avait été fixé sur l’aire d’autoroute Rose de la Broye à Lully, confirme la police.

Pas d’autorisation

Selon Bernard Vonlanthen, les agents sont intervenus sur ordre du préfet de la Broye. L’organisateur de cette soirée avortée avait loué la salle communale de Seiry (dont la capacité n’excède pas une cinquantaine de places) sous un prétexte bidon et ne disposait d’aucune autorisation pour y tenir un concert. L’an dernier à la même période, une manifestation comparable avait déjà été mise sur pied du côté de Villarimboud dans la Glâne. Trois groupes venus de France, d’Italie et de Hollande s’y étaient produits en présence de moins d’une centaine de sympathisants.

L’un des responsables identifiés samedi à Seiry sera dénoncé à l’autorité compétente pour avoir organisé une manifestation publique sans autorisation. Bernard Vonlanthen ajoute que l’organisateur est «un francophone domicilié en Suisse, mais qu’il n’est pas Fribourgeois».

Commune «surprise»

Joint dimanche matin, le syndic de Seiry se dit «très surpris» que la salle communale du village ait pu servir de cadre à une manifestation néonazie. Il précise ne pas disposer d’informations sur la personne ayant loué le local. «C’est ouvert à tout le monde. On n’a pas cherché d’informations plus loin», répond Gérard Brodard.

Du côté de la Préfecture de la Broye, Nicolas Kilchoer précise que c’est la première fois qu’il se trouve confronté à un événement de la sorte depuis son entrée en fonction, le 1er janvier de cette année. «Cette soirée présente une double transgression. D’une part, parce qu’elle n’était pas autorisée. D’autre part, car il s’agit d’éviter la propagation d’une idéologie qui n’est pas acceptable», indique le préfet.