Le MCG «surveille» les diatribes de l’un de ses élus sur la Toile

Tribune de Genève. Le coresponsable de la section Ville du parti multiplie les propos virulents sur les réseaux sociaux.

Il est prolixe sur les réseaux sociaux et n’y démontre que peu de goût pour les propos consensuels. Coresponsable de la section Ville de Genève du MCG, le conseiller municipal Laurent Leisi s’illustre par de régulières déclarations fracassantes sur Internet. Les migrants en sont souvent la cible. Ou occasionnellement un défunt, comme Pierre Bergé.

Sur Facebook, l’élu possède deux profils, tous deux consultables par chacun, l’un commençant par son prénom et l’autre par son patronyme. Ce dernier lui a servi de repli quand le premier a été suspendu cet été par le réseau. Non pas pour l’un de ses multiples propos virulents, mais pour la publication d’une peinture classique incluant des éléments dénudés.

Ayant annoncé la fin de sa punition, le 22 août, il semble en revanche n’écoper d’aucune sanction pour avoir posté une heure plus tard ce slogan: «Immigration islamique massive = Attentats terroristes», écrivait-il, arguant que des pays dénués d’une telle immigration ne subissent pas d’attaque. Des propos dont on ignore s’ils respectent la norme pénale suisse sanctionnant les discriminations, mais qui sont plébiscités par une septantaine d’internautes. La veille, il traitait de «salopard» le pape François, fustigé pour des propos jugés trop amènes envers les migrants. Trois jours plus tôt encore, il décrivait la mort du petit Aylan comme une «habile mise en scène utilisée en prime par les médias du monde entier pour culpabiliser ces salauds de blancs».

Le compte principal de l’élu est lui aussi riche en discours tranchés. Vendredi, il invitait à fêter au champagne le décès de l’homme d’affaires français Pierre Bergé, un événement synonyme de «bienfait pour l’humanité». Celui qui fut le compagnon du couturier Yves Saint Laurent «a rejoint ses maîtres en enfer», annonce Laurent Leisi, qui le qualifie notamment de «pornocrate avéré» ou de «libérateur de l’expression pédophile», avant de l’accuser au fil des commentaires ultérieurs d’être passé à l’acte sur «quelques gosses marocains». Bilan: 235 réactions, 41 partages.

Interpellé, l’élu se défend d’être à l’origine des accusations de pédo-criminalité à l’égard du défunt («Il a été inquiété, mais pas condamné», concède-t-il), mais le met en cause pour avoir, selon lui, édité une bande dessinée de feu son compagnon datant de 1967. «Le personnage de Pierre Bergé est bien plus sulfureux que ne le sont mes propos», proteste-t-il. Et d’exposer sa ligne: «Mes propos peuvent paraître limites. Il m’arrive de grossir le trait pour attirer l’attention. Je veux réveiller les consciences sur une situation plus complexe qu’il n’y paraît.»

Comment le parti, qui a adopté depuis deux ans un style plus calme, réagit-il face aux fulgurances verbales de son cadre? Présidente cantonale, Ana Roch prend des pincettes. «On surveille, résumet-elle. On lui a dit souvent de faire très attention car, membre d’un parti et de surcroît élu, il n’engage pas que lui. Il est toujours un peu sur le fil et il a déjà été sanctionné par Facebook.»

Comme présidente, cautionnetelle par exemple les récents propos de Laurent Leisi qui postulent un rapport d’équivalence entre l’immigration musulmane et les attentats? «Je n’ai pas le temps de lire tout ce qui est publié sur Facebook, à moins que l’on me rapporte les écrits», répond-elle. Quant à savoir si le polémiste figurera sur la liste du parti lors des élections cantonales de 2018, la chose n’est pas encore arrêtée.

Réputé discret au Conseil municipal, l’homme est-il conscient d’inquiéter un peu sa formation? «Je m’exprime à titre personnel sans impliquer mon parti, répliquet-il. Le MCG regroupe diverses sensibilités. J’ai la mienne qui est plus à gauche quand il s’agit de social et plus à droite en matière de valeurs et de patriotisme. Je ne vois pas comment je pourrais déraper. Je ne suis ni raciste, ni xénophobe, ni antisémite.»

A en juger par ses propos, l’élu ne semble en tout cas pas craindre le conflit. Le 8 août, répondant à une interpellation sur la Toile, il dit avoir été en procès «contre la justice», «le Service du commerce» et «l’Office des poursuites» (et avoir à chaque fois gagné). Il ajoute être «en procès contre le service de l’espace public de la Ville» et «en procédure également contre la police».