Plainte pénale déposée

Le Journal du Jura: Concert Néonazi

Mobilisation après le festival Néonazi de samedi dernier à Unterwasser (SG): la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) a déposé plainte pénale pour violation de la norme pénale contre le racisme. La plainte vise les cinq groupes invités, dont un suisse, ainsi que l’organisateur, dont le nom n’a pas été divulgué.

«Nous avons expressément porté plainte contre l’organisateur et contre les groupes Amok, Stahlgewitter, Confident of Victory, Exzess et Frontalkraft», explique le président de la GRA, Ronnie Bernheim. «Nous connaissons les chansons et les actions déjà perpétrées par ces groupes, qui sont extrêmement agressifs.» La fondation espère que le procureur cantonal saint-gallois ouvrira une enquête.

«Eduquer la police»

Selon Ronnie Bernheim, la Suisse est devenue «une sorte de paradis pour les activités néonazies européennes. Il est notamment possible d’y acheter des articles de l’époque nazie (…), dont la vente est interdite dans d’autres pays. La plupart de nos voisins ont des lois plus strictes», souligne-t-il. «Notre norme pénale contre le racisme est moins forte et son application est modérée, ce que je ne remets d’ailleurs pas en question. Mais il s’agit d’envoyer un signal clair aux néonazis: ils ne doivent pas pouvoir venir faire chez nous ce que d’autres pays leur interdisent.»

La fondation espère qu’un procès pourra démontrer que la norme pénale est applicable à ce type de concerts. «En cas de manque de preuves, il faudra savoir si les autorités et la police avaient accès aux locaux, ce qui devrait déterminer, par la suite, s’il faut entraîner et sensibiliser la police pour récolter rapidement des preuves et éviter ce genre d’événements», ajoute Ronnie Bernheim. Dès dimanche, des voix se sont en effet étonnées du comportement de la police, qui n’est pas intervenue pendant les concerts.

«Tout le monde a été surpris», admet le président de la GRA. «Mais, même pour les non-juristes, il est assez clair que 5 000 personnes forment un événement public.» La norme pénale contre le racisme sanctionne des propos proférés en public. Or l’autorisation avait été octroyée pour un événement qualifié de privé.

Le festival de samedi «est à l’image de ce qui est en train de se développer en Europe», craint le président de la GRA. «A force de parler de terrorisme, le grand public avait oublié les néonazis.»

L’ATS a encore rapporté que la Commission de la politique de sécurité du Conseil national s’est également penchée, hier, sur les événements, en auditionnant Markus Seiler, chef du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Pour rappel, le SRC était au courant de la manifestation. Il a informé les polices cantonales, mais elles n’ont pas réussi à déterminer le lieu exact.

Jakob Büchler (PDC/SG), membre de la commission, estime que la manifestation aurait pu être évitée si une base juridique existait. Il envisage de déposer une intervention parlementaire. Le «Tages-Anzeiger» indiquait par ailleurs qu’un prochain concert néonazi pourrait avoir lieu le week-end prochain à Rapperswil (SG).