La police savait presque tout du festival néonazi

20 minutes: UNTERWASSER (SG) Le rassemblement du weekend dernier a été autorisé grâce à un mensonge. Les forces de l’ordre auraient toutefois pu agir.

Pas moins de 5000 sympathisants d’extrême droite se sont réunis samedi dernier pour leur Rocktoberfest, dans le Toggenburg. D’apparence anodine, la soirée proposait en fait des concerts de groupes affiliés à la scène néonazie. La soirée a pu avoir lieu car les organisateurs avaient menti à la commune d’Unterwasser pour obtenir les autorisations. Celleci envisage de porter plainte.

Les réactions outrées ont fusé. Surtout envers la police, qui n’est pas intervenue. Des recherches du «Tages-Anzeiger» montrent en effet qu’elle avait été prévenue: le Service de renseignement de la Confédération avait attiré l’attention des forces de l’ordre sur cette manifestation. «Nous n’étions malheureusement pas sûrs du lieu. Nous n’avons su que le jour même à 15 h que le festival se tiendrait à Unterwasser», explique Gian-Andrea Rizzoli, porte-parole de la police cantonale.

Elle a par ailleurs refusé d’opposer un veto de dernière minute, car pour elle, il s’agissait d’un événement privé, étant donné que la vente de billets s’était faite en circuit fermé. Un argument qui ne convainc pas Marc Forster, professeur de droit à l’Université de Saint-Gall. «Le fait que la soirée soit privée et qu’un service d’ordre soit engagé ne justifie pas qu’on ne respecte pas la norme pénale antiraciste», déclare-t-il au «Tagi». La police, qui a «jeté un coup d’œil deux ou trois fois dans la salle», estime néanmoins n’avoir rien vu qui nécessite une intervention immédiate. –

Une fondation a porté plainte hier

La soirée décriée viole la norme pénale antiraciste, estime la Fondation contre le racisme. Cette dernière a porté plainte auprès du Ministère public saint-gallois, a-t-elle annoncé hier. Ce sont surtout les paroles des chansons des groupes (suisses et allemands) qui se sont produits ce soir-là qui la heurtent. La procédure est donc lancée contre eux. A noter que le chanteur de l’une des formations a déjà été condamné pour menaces, discrimination raciale et port d’arme.